Ben Watt - North Marine Drive

Publié le par Geoffrey

NorthMarineDrive_big.jpgBen Watt. Un nom qui ne vous dira peut être rien, comme ça, de prime abord, et c’est bien normal. Ses principaux faits d’arme sont à noter lors de sa collaboration avec sa «moitié», à la vie comme à la scène, Tracey Thorn, dont le nom est déjà nettement plus évocateur du fait de ses multiples contributions vocales auprès de plusieurs groupes renommés (dont Massive Attack sur deux titres de l’album «Protection»).

Ce duo détonnant a fait partie de ces couples atypiques et marquants du début des années 90. Tous deux se démarquèrent par leur excentricité mais aussi et surtout par le biais de leur formation Everything But The Girl qui, à défaut de marquer au fer rouge cette période dorée pour le genre Trip Hop, apporta une contribution pour le moins notable de par la diversité de leurs créations et permis à ses deux «poumons» d’entrevoir des lendemains qui chantent.

Mais avant le succès d’Everything But the Girl et la rencontre avec sa moitié alors engagée dans le groupe des «Marine Girls», Ben Watt commença à développer sa créativité en solo.
Et c’est justement sur son tout 1er opus (et le seul à ce jour), «North Marine Drive», que nous avons jeté notre dévolu.

Il est vrai qu’en 1983, date de sortie de l’album, le sommet des Charts au Royaume-Uni est régulièrement squatté par des «noms » bien difficiles à détrôner tels que Phil Collins, The Police, et surtout Michael Jackson avec son album Thriller. Et c’est malgré tout dans ce contexte que Ben Watt, âgé alors de 21 ans, se lança à l’abordage des esgourdes britanniques, «North Marine Drive» entre les dents, ainsi que toute son innocence et tous ses rêves de succès. Ce même succès que son père, Tommy Watt, avait connu, quelques années avant lui, en tant que pianiste de jazz dans les restaurants chics londoniens.

Et c’est justement cette influence principale, un peu «jazzy» que l’on ressentira parfois à l’écoute des différents titres de l’album, notamment par de légères teintes de saxophone apportées par Peter King, qui est le seul collaborateur officiel sur cet album.


Pour le reste, nous avons affaire à 9 morceaux dans lesquels Ben Watt se met purement et simplement à nu, assurant le jeu de guitare, le piano et le chant à lui tout seul. Cela alterne entre quelques titres un peu enjoués («On Box Hill», «Thirst For Knowledge»), et une grande partie d’entre eux empreints de «Saudade» : ce mot portugais qui désigne la tristesse empreinte de nostalgie.

On se retrouve durant la majeure partie de l'écoute dans la peau du voyageur solitaire, délaissant sa terre natale pour de nouvelles aventures, oscillant entre l’espoir de vivre des moments fastes et la tristesse de délaisser un endroit chéri, de quitter ses racines, et surtout l'appréhension des premières introspections.
Mais il est vrai que la voix douce et les changements de ton de Ben, son jeu de guitare linéaire mais légèrement cadencé, tiennent néanmoins en haleine l’auditeur, bien qu’on pourrait reprocher à cet ensemble sa monotonie d’un point de vue global à la fin de l’album.

Cette description sommaire du style de Ben Watt se retrouve d'ailleurs nettement dans les deux premiers albums de Everything But The Girl, preuve de l'impact de Watt sur son duo (Bien que Tracey Thorn ait eu la même conception des choses).


On peut même noter le petit clin d’œil de l’artiste à l’une de ses idoles, Bob Dylan, dont il nous gratifie d’une bien jolie reprise de son titre «You’re gonna make me lonesome», chanson qu’il s’est d’emblée approprié en la maintenant dans le carcan mélancolique et légèrement mielleux de «North Marine Drive». Un album qui n’est, certes, pas un incontournable mais qui est un havre de paix et une caresse auditive pour les amateurs du genre.


Publié dans Musique

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